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Le journal d'un tunisien libre

30 janvier 2011

Révolution tunisienne: un gout d'inachevé.

Le 14 janvier 2011, les tunisiens dans un formidable élan, ont fini par déboulonner la dictature de Ben Ali, l'une des plus terribles au monde. Tout le monde s'attendait à vivre et à exprimer sa joie dans une ambiance de liesse populaire. Cela n'a pas eu lieu, et c'est plutôt la crainte et la peur qui ont pris place dans le cœur des tunisiens. D’abord, tout le monde a compris qu’il y avait une priorité de taille : l’urgence de veiller sur sa famille, ses biens et sa personne contre les pilleurs et les voleurs. Ensuite, il y a eu la sordide histoire des rejetons de Ben Ali qui semaient la terreur dans la rue en mitraillant d’innocents citoyens. Enfin, et c’est le plus important à mon  avis : le cafouillage du Premier ministre, Mr Ghannouchi, quant à la composition du premier gouvernement provisoire. Bref, le doute s’est installé dans la tête des tunisiens. Pour résumer la situation : Bel Ali est parti et pourtant la joie n’est pas encore au rendez-vous.

Je ne suis pas le seul à penser que, quelque part, quelqu’un ou un groupe de personnes, s’amuse à jouer le trouble-fête en privant pernicieusement les tunisiens des fruits de leur révolution. Voici les raisons qui me poussent à le penser sérieusement :

Premièrement j’accuse celui que la Constitution, dans son article 57, désigne à la tête de l’Etat en cas de vacance du pouvoir, à savoir Mr Fouad Mbazaa. Ce dernier pouvait très bien nommer un chef de gouvernement autre que Mr Ghannouchi qui est connu d’avoir très longtemps travaillé pour l’ancien dictateur et par la même envoyer un signal fort aux tunisiens  pour les rassurer contre un éventuel retour en arrière. Mr Mbazaa sait pourtant mieux que quiconque que la Tunisie regorge de personnel politique qualifié et intègre.

 

En deuxième lieu tout porte à croire que Mr Ghannouchi, malgré son air innocent aux larmes faciles, au moment de composer le premier gouvernement provisoire, donnait encore des signes qu’il était encore  aux ordres de Ben Ali. La liste mauve qu’il avait présentée à la fin de ses concertations politiques est très éloquente dans ce sens. Je pense que le Premier ministre a été  tellement surpris par chute rapide de l’ancien Président qu’il n’arrive pas encore à croire que ce dernier est bel et bien parti pour toujours. D’ailleurs dans ses interventions télévisées où il trouve difficilement ses mots et surtout lorsqu’il peine à composer des phrases cohérentes, on sent que l’homme a peur de quelque chose. Le fantôme de Ben Ali rode encore dans la place du gouvernement. A la question d’une journaliste relative aux pourcentages que percevaient les Trabelsi sur la création des nouveaux projets porteurs il a répondu qu’il n’en savait rien de tout ça. Peut-on le croire ?

 

En troisième lieu il y a ce super ministère de l’intérieur. Beaucoup de détails et de défaillances portent à croire que cette administration aux ramifications tentaculaires échappe encore à tout contrôle du gouvernement. D’abord la garde présidentielle  fait sa mutinerie et n’obéit plus aux ordres hiérarchiques en terrorisant le peuple à bords de voitures de location (à vérifier). Ensuite, lorsque les forces de l’ordre classiques, les brigades d’ordres public, sont appelées à ménager la foule des manifestants, ces dernières s’attaquent à elle avec une férocité inouïe. Enfin, lors du sit-in de la Kasba, pendant que le premier ministre promet des pourparlers courtois avec nos concitoyens venus de l’intérieur du pays réclamer la chute du gouvernement, l’ordre est donné aux flics et aux milices de s’attaquer à eux afin de disperser leur regroupement. L’appareil de la répression est toujours là et il semble échapper complètement à tout contrôle.

 

La révolution tunisienne a eu lieu, c’est un fait irréversible. Seulement beaucoup d’erreurs et une très mauvaise communication lui confère un gout d’inachevé

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